Préambule ...
« Il ne sert à rien de conforter les étudiants en alchimie dans des expériences que vous savez inutiles, notamment de les faire travailler sur différentes matières qui pourrait s’avérer très dangereux pour leur vie et ne les mènera à rien.
Aucune digression ne peut être tolérée lorsque l’on se lance dans la voie du milieu, c’est à dire celle qui vous permettra de voir (si Dieu vous en accorde sa bonté) la première marche de l’escalier des sages au lointain. Certes il y a des milliards d’individus sur terre, mais chacun d’eux a sa propre voie, qui par chance ou surtout don de Dieu, lui permettra d’avoir accès à la connaissance.
L’alchimie est une voie, certes difficile, mais ô combien totale dans la compréhension de votre devenir et de tout ce qui vous entoure ; mais, pour savoir si réellement vous êtes dans la voie, il vous faut un appui total de la compréhension de ce qui vous entoure.
Si vous pouviez voir l’univers dans sa totalité, grâce à des instruments ou autres, vous ne pourriez observer que trois règnes : minéral, végétal et animal, et si une réflexion ou une pensée vous permet d’éclore, vous devez automatiquement la retrouver dans tout ce qui vous entoure.
Un exemple, pour être plus précis, et afin que la fragile susceptibilité des néophytes comme on aime à le préciser ne soit froissée, je vous certifie que l’univers tel qu’on le perçoit n’est que flux et reflux. Diantre ! Il faut retrouver cette affirmation dans tout ce qui vous entoure.
Dans le règne minéral n’avons-nous pas ce flux et reflux de la mer ainsi que l’énergie tellurique ? Dans le règne végétal n’avons-nous pas ce flux et reflux de la sève qui permet à l’arbre de vivre ? Je suis certain que dans le règne animal vous comprendrez que l’arrêt de ce battement vous fera passer de vie à trépas.
Tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut. Il est plus facile de comprendre ce qui est en bas, parce que plus près de nous, que ce qui est en haut, et le bas nous permet alors de mieux comprendre le haut. Encore faut-il lâcher prise sur nos convictions dûment éduquées depuis notre prime enfance. C’est pour cela qu’il faut bien comprendre que dans la vie, pour ceux qui se lancent dans la voie royale, il vaut mieux ne jamais avoir appris que d’avoir à désapprendre.
Cela ne se fait pas sans souffrance lorsque l’on souhaite épouser la recherche de la Pierre philosophale qui n’est qu’un témoignage de votre avancée spirituelle. Il ne s’agit pas d’être caressé dans le sens des poils car le labeur est dur dans le lâcher prise afin de voir et non de regarder. Voir c’est baigner dans l’esprit de tout ce qui vous entoure.
La Pierre philosophale n’est-elle pas une captation de l’esprit universel animant ce monde dans une matière pure et sans tache, afin que cet esprit, après quelques manipulations, jeux d’enfant et œuvre de femme, puisse être fixe dans une matière adéquate qui permet sa visibilité ?
La matière est le vide, la lumière est le plein et c’est justement le but de l’alchimiste que de concrétiser cela, avec bien sûr, l’aval de Dieu (ou quel que soit le nom que vous lui donnez). Alors, s’ouvre à vous l’appréhension de l’univers, de votre devenir, de Dieu, qui n’est pas là-haut sur un nuage à dire selon votre existence : « toi à droite, toi à gauche » car il n’est qu’amour et est incapable de vous juger. Le seul juge est vous-même mais pour cela il vous faut avoir vécu la petite mort car vous pouvez mentir à Dieu, à vos amis, ou à vos proches mais vous ne pouvez pas vous mentir à vous-même. Certes, je le conçois cela n’est pas facile, mais l’alchimie est l’œuvre de saint Thomas et je puis vous affirmer, néophytes, que pour devenir un « Je suis » au lieu d’un « Moi je » il n’y a pas voie plus difficile que celle-ci.
Voilà chers amis, un début sur la voie alchimique que je pense être nécessaire à tout artisan qui voudrait obtenir la pierre et qui se lancerait dans des opérations de perdition. Si je puis me permettre, voilà ce que je souhaiterais entendre de votre part vis à vis de ces chercheurs égarés dans des matières aussi nuisibles les unes que les autres. L’œuvre est fait pour les petits et pour le parfaire il ne nécessite que peu de moyens. Seules deux matières suffisent : l’une possède la lumière, c’est à dire le soufre, et l’autre le moyen de la révéler, c’est à dire le mercure. Le sel n’est autre que la vapeur qui permet de les réunir.
Voilà chers futurs pratiquants le début d’un dialogue sur le chemin du milieu, celui qui mène à la compréhension du « Je suis » et qui vous permet de vous libérer du connu. Que Dieu me soit témoin de mes paroles qui sont dans la voie de la sincérité, mais cela n’est que le début d’une conversation. Voulez-vous une suite ? Cela ne dépend que de vous.
J’ai, pour votre gouverne, la chance inouïe que Dieu m’ait donné l’honneur de connaître la véritable lignée, en France, des adeptes : Fulcanelli, qui enseigna à Henri Coton-Alvart, qui lui-même enseigna à Henri La Croix Haute et qui chacun à son tour réussirent la réalisation de la Pierre philosophale. Et moi-même, alchimiste, j’ai eu la chance de fréquenter ces personnes et ai bien sûr eu l’occasion de voir la Pierre et tous ses pouvoirs.
Voyageur