Christine, illustratrice des éditions Philomène Alchimie

 Les éditions Philomène Alchimie se sont donné pour objectif de transmettre le message caché offert par les initiés des temps passés. La maison d’édition a donc, entre autres supports susceptibles de transmettre la connaissance, choisi le livre, outil facilement accessible à tous car économique et durable. Les auteurs de ces ouvrages ont parcouru, visité moult lieux ancestraux, observé et analysé jusqu’au moindre détail les messages laissés dans la pierre et le verre. Ils ont décidé d’illustrer leurs ouvrages donnant ainsi au lecteur la possibilité de saisir plus aisément le sens hermétique. C’est ainsi qu’ils m’ont proposé, en complément de leurs nombreuses photographies, d’enrichir leurs travaux à l’aide de dessins. J’ai accepté cette mission avec plaisir, non sans crainte n’ayant pas tenu un crayon depuis un certain nombre d’années. J’ai donc commencé avec humilité, puis pris de l’assurance et surtout ressenti une grande satisfaction à exprimer par le crayon ou la plume ce que les auteurs voulaient transmettre. Familiarisée à la recherche du détail, ayant également appris à regarder et voir, à photographier l’ensemble et la particularité afin de ne rien laisser échapper, je me suis laissée enchanter par les gravures anciennes qu’il me fallait reproduire en y apportant des modifications nécessaires selon les souhaits de l’équipe éditoriale afin de révéler plus explicitement certains détails importants à la compréhension du texte. Impliquée désormais dans cette belle mission, ayant le bonheur d’être intégrée dans ce cercle de bénévoles, et pouvant également accéder aux portes de l’Alchimie, je persévère depuis dans ce que j’appelle « mon nouveau labore ». Commencer un dessin est chose délicate, au même titre, je pense, que pour l’écrivain devant la feuille blanche. Il me faut un temps de réflexion, d’observation, de mise en condition ; il me faut m’imprégner du texte correspondant à l’illustration afin d’en saisir le sens donné par les auteurs ainsi que le message laissé par les compagnons. Le dessin se place alors dans le respect de la tradition de nos ainés qui nous ont précédés. Il me faut apprendre, comprendre tout d’abord les textes car il existe plusieurs sens de lecture. Voilà qui est bien enrichissant et passionnant. Le choix du support est également important, quel papier, quel format, quel outil, encre ou crayon, prendre les repères nécessaires à la construction du dessin. Si un personnage doit être représenté, je commence par le visage, les yeux, consciente que le moindre trait, point, « particule » définit l’expression, l’intensité du regard. Je me plais à embellir les visages des personnages des gravures anciennes que je trouve souvent disgracieux. L’essentiel du sujet doit être mis en exergue, l’entourage estompé voire simplement suggéré, tout en lui laissant sa place pour une compréhension complète. Parfois, les jeux d’ombre ne sont pas toujours aisés à reproduire, la nuance entre le convexe et le concave doit être soulignée, visible à l’œil ; un modèle m’est nécessaire, je me tourne alors vers la Nature, l’observe, la lumière joue avec l’objet, l’arbre, la fleur.. de quel côté vient-elle ? que met-elle en évidence ? c’est devenu pour moi un exercice, amusant, de chaque jour, regarder, détailler, repérer la position de l’objet dans l’espace… Et s’il s’agit d’une posture humaine, le « meilleur modèle humain » présent est sollicité. Lorsque le dessin est complexe, exigeant, et demande un travail minutieux, je m’isole, disposant ainsi de la place nécessaire pour organiser mon espace, une intense musique classique en sourdine, des voix apaisantes m’accompagnent et quand elles deviennent cristallines, je pose alors la plume et m’offre un moment d’immobilité dont je me délecte afin de mieux m’emplir de cette volupté. Je sais qu’il est important que l’illustration doit permettre au lecteur, imprégné des mots, de s’arrêter quelques instants pour créer son ressenti ; il peut ainsi pénétrer la substance de l’illustration afin d’y puiser, dans un moment d’immobilité, la révélation du sens caché. Pour cela je dois tendre vers l’excellence, l’inaccessible perfection que seule la Nature possède, tout en restant consciente de mes limites, sans jamais abandonner ni me décourager, même si je dois recommencer plusieurs fois. Une fois que le dessin semble terminé, il ne l’est pas encore tout à fait, j’attends, un jour, deux jours.., je le mets en évidence, je m’en approche régulièrement, le touche du regard, l’examine, un défaut ou quelques traits à améliorer se révèlent à mon regard. Puis enfin à regret, j’y appose mes initiales. Je le confie alors à l’équipe rédactionnelle, heureuse de participer à cette belle histoire, ayant le sentiment de m’instruire un peu plus chaque jour et de pousser les portes les unes après les autres. 
Christine Groult