Extraits de "Notre-Dame de Marceille - histoire, symboles et alchimie" de Christian Attard
"Comme à leur habitude, les templiers durent prendre le plus grand soin du lieu qui venait de leur être confié. La Vierge adorée des cisterciens, chère à saint Bernard, abbé de Clervaux (1090-1153) avait veillé sur la création du nouvel ordre chevaleresque. André de Montbard, l’un des neuf fondateurs de la nouvelle milice, était l’oncle de saint Bernard qui toute sa vie soutint la spiritualité du mou-vement monastique et guerrier."
"L’histoire du sanctuaire a cependant retenu la légende d’une jeune femme voulant soustraire la statue de la Vierge noire à la fureur iconoclaste des révolutionnaires et s’en-fuyant par de supposés souterrains pour réapparaitre beaucoup plus loin, hors de portée des factionnaires, son acte héroïque accompli. Le fait qu’aujourd’hui ces sou-bassements soient devenus inaccessibles ne suffit pas à en conclure qu’ils n’ont jamais existé. Nous verrons bientôt pourquoi leur accès fut définitivement bloqué."
"On avance alors vers Notre-Dame, attiré par la beauté de son grand porche-abri et la force de son monumental portail formant une double entrée protégée par de lourdes portes de bois. En son centre, un trumeau s’orne d’une très belle sculpture polychrome de la Vierge à l’Enfant que protège un dais de pierre et que survolent deux anges thu-riféraires souriants. L’un et l’autre tiennent d’une main leur encensoir et de l’autre leur navette. Et il nous faudra nous souvenir du rôle de l’encens, substance vectrice de l’âme même des plantes. Âme que le feu libère et ramène en offrande vers le créateur de toutes choses."
"Puis sur le tympan même du portail, au-dessus de la statue de la Vierge à l’Enfant se déployait un phylactère dont les lettres artistiquement peintes nous livraient cette phrase :
« Hanc voce non timida
quilibet salutet,
non est enim tumida,
ut non resalutet. »
Soit selon certains traducteurs : « D’une voix sans crainte, tout le monde peut la saluer, elle n’est pas emplie d’orgueil, et te répondra en retour. »
Ces phylactères portent à se souvenir des remarques du mystérieux alchimiste Fulcanelli dans ses Demeures Philosophales à propos de la présence récurrente de ces banderoles."
"Les médaillons peints, présents à l’intérieur de l’église, assimilent en effet par deux fois et fort traditionnellement Marie à une étoile. Marie est ici étoile du Matin (Stella matutina) et étoile de la mer (Stella Maris), mais les étoiles reprises sur ces fresques sont toujours à cinq branches, non à six. Le cinq étant chiffre marial. En réalité ces étoiles au sol sont bel et bien de ma-gnifiques sceaux de Salomon, appelés encore étoile ou bouclier de David.
On entend et lit trop que ce symbole fut de tout temps un symbole hébraïque ou judéen, ce qui est totalement faux, car il fut utilisé par tous et ne devint un signe confessionnel que très tardivement."
"Mais avant de nous agenouiller devant la Vierge noire à l’enfant blanc, comptons nos pas en silence et progressons en observant et méditant. Remontons la longue pente de l’antique voie sacrée, voie humide où suinte toujours l’eau lustrale de la vénérable fontaine sous le couvert d’arbres centenaires. Cinquante-deux bandes de pierre divisent la montée pavée. Cinquante-deux, certes, comme le nombre de semaines d’une année..."
"Il est fort probable que ce fut autour de cette source sacrée que se constituèrent ici les premiers cultes. Tout commence toujours par une source ou une pierre. De Mithra, né de la roche et qui la perce de sa flèche pour en faire jaillir une source, à l’apparition de Lourdes qui demande à Bernadette de raviver une autre source éteinte, ces émergences du sacré abondent dans la genèse des mythes ou même de nos religions."