Île de Pâques - Rapa Nui
Retour de lecture à propos de notre ouvrage "Les cavernes initiatiques de l'Île de Pâques" de Jean-Marie Groult : "Je lisais dans les splendides sommets enneigés de Superbagnères votre livre, "Les cavernes initiatiques de l'île de Pâques". Votre roman ou votre témoignage fait énormément écho en moi, tête et cœur. Vous évoquez, entre autres, mon cher Taputapuatea (p. 98), Tahaa, Huahine (p. 230). J'ai recueilli à Taputapuatea les confidences d'un Polynésien sur le chamanisme ma'ori. Des souvenirs me sont revenus. Dans Raiatea, j'ai fait l'expérience (p. 139) des pieds nus sur un tapis de braises ; sur les conseils d'une amie tahitienne et chinoise, j'ai enfoui le cordon ombilical (cf. p. 227-228) au pied d'un manguier. L'arbre devient le double de l'humain, un miroir, de sorte que quand l'un va, l'autre va, en "participation mystique" (cf. p. 111, 156). Vos cavernes montrent tous les traits de l'ésotérisme : secret (p. 81, 186, 211), orientation selon les directions de l'espace (p. 99) et selon les solstices (p. 189), symbolisme du nombre (p. 82, 101, 149) et des couleurs (p. 105, 115, 176, 209, 216), pensée analogique (p. 186) et imagée (p. 189, 200) ; les traits aussi de l'initiation : séparation d'avec le monde profane, épreuves formatrices à l'adolescence (p. 186), masques (p. 215), etc. A propos des cavernes et des solstices, les études de Chantal Jègues-Wolkiewiez sur les solstices dans les grottes préhistoriques à Lascaux, Cougnac, etc. sont tout aussi stupéfiantes que les vôtres. Tout cela prouve que les connaissances ésotériques et les épreuves initiatiques ne sont pas culturelles mais anthropologiques, ancrées dans le psychisme.
Votre parcours vous rend incontestable : homme d'études et de terrain, avec les douleurs et les joies qui vont avec."
Extrait de l'ouvrage "Les cavernes initiatiques de l'Île de Pâques - Rapa Nui":
"Exalté, Arnaud comme parti dans un voyage dans le temps continue : « La mission est cette fois-ci accomplie… car la première sculpture, malmenée il y a un an était restée en chemin. Chutée, le prêtre avait dit qu’elle ne pouvait être relevée ni amenée à destination, car elle ne pourrait plus recevoir son initiation magique, insister pourrait porter mal-heur, le clan devait donc en recommander une nouvelle... Aujourd’hui, face à la foule réunie devant les huttes, le nouveau moaï est tiré vers l’ahu, le long d’un monticule de pierres en pente douce édifié à cet effet afin d’atteindre le niveau de la plateforme. Là, le moaï est ingénieusement dressé à la verticale, on lui dessine des couleurs corporelles sym-boliques en rouge et en blanc, et c’est à ce moment que les clameurs, les chants montent vers le ciel, vers leurs aïeux et les dieux. La pierre inerte va bientôt devenir vivante, un sculpteur initié gravit un échafaudage de bois jusqu’à la tête de l'effigie dans le silence revenu. L’initié, dont tous les membres sont tatoués, se stabilise sur le plateau, avec mesure il dessine au charbon de bois le tracé des yeux, puis de son herminette de basalte, il creuse une orbite puis l’autre délicatement. Le pic résonne, les morceaux de pierre grise tombent, il sait que tous ceux du clan sont là à l’observer religieusement, chaque coup doit être précis, mais il sait faire ! Les orifices finalisés, le grand prêtre le rejoint alors selon un rituel ordonné, il a apporté avec lui les sclères de corail blanc et les iris d’obsidienne enveloppés dans un tissu de tapa protecteur. Il insère soigneusement les yeux chacun à leur place, la clameur à cet instant monte de nouveau, l’air frémit à l’unisson, des chants saccadés à la gloire de l’ancêtre et des dieux deviennent de plus en plus puissants, ils envahissent le site cérémoniel, jusqu’à être entendus bien au-delà. La sculpture de pierre ordinaire com-mence peu à peu à vibrer, elle est devenue l’ancêtre déifié ; de ses yeux noir et blanc, le mana devient palpable, les membres de la tribu le discernent, il est comme projeté vers l’ensemble du clan. Tous sont désormais protégés par les ancêtres. »
… Arnaud complètement hébété reprend son souffle. Que s’est-il passé ? Était-il avec ses amis ou bien au pied de l’ahu scandant des chants anciens avec les membres du clan ?
Particulièrement bouleversés, ses compagnons mutiques n’en reviennent pas, leur ami leur a fait vivre un étrange cérémoniel, il leur faut atterrir à leur tour. Ils ne voient plus du tout de la même façon l’île de Pâques et toutes ces statues qui les entourent. "